La mémoire en partage

Photographie sur fond blanc d’un fragment de vase d’argile décoré de motifs gravés. Le fragment mesure environ cinq centimètres. Les archéologues retrouvent plusieurs fragments de vases provenant de la communauté iroquoienne locale sur le site de Charlesbourg-Royal. Les décorations du vase suggèrent qu’il provient de Stadaconé. Il s’agit de la localité iroquoienne voisine de la colonie française. Le positionnement des fragments dans les couches de sol indique qu’ils datent de l’occupation française, ou peu de temps après.

Avant 1608 Stadaconé Les premiers contacts

Depuis des temps immémoriaux, de multiples groupes autochtones fréquentent le site sur lequel se trouve aujourd’hui Québec. Vers l’an 1400, l’un de ces groupes, les Iroquoiens du Saint-Laurent, commence à développer sur ce site le village de Stadaconé. Lorsque le navigateur français Jacques Cartier se présente dans la région pour la première fois en 1535, Stadaconé compte entre 500 et 800 habitants.

Dès 1541, Cartier fonde dans son voisinage un premier établissement avec 400 colons, sur le site de Charlesbourg-Royal (aujourd’hui Cap-Rouge). Après un hiver désastreux, les Français, mal adaptés au climat local, retournent en Europe et délaissent les projets coloniaux au Canada pendant une soixantaine d’années.

Gravure représentant plusieurs bâtiments connectés les uns aux autres. Un cours d'eau se trouve devant les bâtiments. Cette gravure représente l’Habitation de Québec d’après un dessin de Samuel de Champlain. Certains éléments sont identifiés par des lettres. Ainsi, le fleuve Saint-Laurent est indiqué par un R et le jardin de Champlain porte un O. D’autres détails sont reconnaissables, comme la porte de l’habitation avec son pont-levis. Selon Champlain, son habitation comporte trois corps de logis et deux étages.

1608-1760 Fondation Une ville du roy

En 1608, le français Samuel de Champlain fonde un établissement colonial à un endroit que les Innus, un groupe autochtone nomade appelle « Kebeck ». Ce terme signifie dans leur langue « là où le fleuve se rétrécit ». Ainsi prend racine le projet colonial français en Amérique. Durant les quelques 150 ans qui suivent, Québec est la capitale de la Nouvelle-France, une colonie dont les ramifications s’enfoncent dans sur une grande part du continent nord-américain.

Québec est la ville la plus développée de la colonie, où se concentrent les installations militaires françaises ainsi que les entreprises commerciales de la fourrure, sur lesquelles repose son économie. À la fin du régime français, en 1759, Québec est un petit bourg bien actif comptant plus de 8000 habitants.

Gravure coloriée représentant une place publique avec des bâtiments en ruines, des personnages et une charrette tirée par des chevaux. Sous le Régime français, le palais épiscopal est la résidence de l’évêque de Québec, plus importante figure d’autorité religieuse dans la colonie. Situé en plein cœur de la ville, le palais est endommagé par les bombardements lors de la guerre de la Conquête. Il apparaît au centre de cette gravure colorée, l’artiste Richard Short, présent sur les lieux en 1760.

1760-1791 Reconstruction Lendemain de conquête

Au terme de la guerre de Conquête, durant laquelle se sont opposées les armées françaises et britanniques, Québec tombe sous l’autorité de la Grande-Bretagne en 1759. Québec, nouvellement intégré à l’Empire britannique, connait un autre conflit dès 1775. Il s’agit de l’année où début la guerre d’Indépendance des États-Unis. L’un des premiers théâtres d’affrontement est Québec, où l’armée britannique résiste à une attaque des révolutionnaires américains avant de les repousser vers le sud.

Durant cette période de conflits, les habitants de Québec reconstruisent peu à peu leur ville.opposant les rebelles américains à l’armée britannique. L’un des premiers théâtres d’affrontement en est Québec. Suite à l’Indépendance des États-Unis en 1783, la ville de Québec prend une importance considérable, étant l’une des dernières villes coloniales encore sur le contrôle des Britanniques en Amérique du Nord. Entre les conflits, les habitants de Québec reconstruisent peu à peu leur ville.

Aquarelle représentant un centre-ville, situé devant un immeuble religieux et animé de multiples groupes de personnes. Sous la main talentueuse de l’artiste James Pattison Cockburn, le centre-ville de Québec du début du 19e siècle prend vie sur papier. Alors qu’une procession religieuse sort de la basilique Notre-Dame, des citoyens font leurs emplettes au marché pendant que des bourgeois se rencontrent tout près pour discuter. La scène se déroule sous le regard d’un Autochtone passant par l’endroit.

1791-1840 Consolidation La ville parlementaire

L’année 1791 marque un tournant dans la grande histoire de l’Empire britannique d’Amérique du Nord et, parallèlement, dans la petite histoire de Québec. Cette année correspond l’entrée en vigueur de l’Acte constitutionnel, qui subdivise la grande colonie britannique nord-américaine en colonies distinctes, chacune ayant son Parlement. Le Bas-Canada entre alors en existence, avec Québec comme capitale parlementaire.

Pendant plusieurs décennies, la capitale du Bas-Canada développe son économie et de nombreux immigrants s’y établissent. Il s’agit notamment d’Irlandais, attirés par l’industrie de la coupe de bois et de la construction navale. La population de Québec passe d’environ 14 000 habitants en 1791 à environ 40 000 en 1840, dont près de 40% sont anglophones. Aussi, les Autochtones, désormais fortement minoritaires, continuent néanmoins de fréquenter la ville et sa région.

Gravure colorée représentant des gens rassemblés sur la rive d’un cours d’eau et qui regardent une ville brûler sur l’autre rive. Le 28 mai 1845, un incendie ravage le faubourg Saint-Roch à Québec. Dès le 28 juin, un second incendie détruit deux autres faubourgs centraux de la ville. Par la suite, une maison d’édition montréalaise vend des copies de cette affiche à des fins de prévention des incendies. Une note sous l’image indique que le tiers des profits de vente ira aux sinistrés de ces feux.

1840-1896 Crise La Vieille Capitale

En 1840, la métropole britannique impose l’Acte d’union, qui fusionne le Bas-Canada et le Haut-Canada en une seule colonie, le Canada-Uni. Québec perd alors son rôle de capitale politique qui, après des essais dans plusieurs autres villes, reviendra ultimement à Ottawa. Dans ce contexte, la ville hérite du nom de « Vieille Capitale ». Québec attire des immigrants de partout dans l’Empire britannique, depuis l’Europe jusqu’à l’Inde! Environ la moitié de la ville est anglophone au milieu du siècle.

En 1867, la Confédération canadienne voit le jour et Québec regagne un statut de capitale, cette fois pour la province de Québec. Malgré l’industrialisation dans les années qui suivent, la ville connaît une crise économique. Plusieurs familles, dont de riches anglophones, la quittent pour Montréal ou Ottawa. L’exode est facilité par la mise en place du chemin de fer transcanadien. À la fin du siècle, Québec ne compte plus que 15% d’anglophones parmi ses 65 000 habitants.

Photographie présentant des femmes derrière leur poste de travail. Chacun est relié à un système d’outillage mécanique. La Seconde Guerre mondiale force la réorganisation des installations de l’Arsenal fédéral, ancré à Québec depuis 1882. En 1939, le gouvernement décide de centraliser la fabrication des munitions de petit calibre à Québec. Les usines de Saint-Malo servent à concevoir certaines composantes des cartouches, à l’instar de l’arsenal du quartier du Palais, alors que l’assemblage s’effectue à Valcartier.

1896-1945 Renforcement La Capitale Nationale

L’année 1896 correspond à un point tournant dans l’histoire du pays. Wilfrid Laurier est le premier Canadien d’origine française à accéder au poste de premier ministre du Canada. Plus d’autonomie et de moyens financiers sont accordés aux provinces. Québec reprend de l’importance sur les plans politique et économique. La ville est désormais désignée comme la « Capitale nationale » du Québec.

Durant la première partie du 20e siècle, l’industrialisation s’accélère, notamment pour répondre aux besoins des deux guerres mondiales qui se succèdent. La ville attire de nombreuses personnes venant des campagnes environnantes. En 1945, Québec compte quelque 185 000 habitants, vivant entre autres dans plusieurs nouveaux quartiers ouvriers. Près de 93% de la population de la ville est alors francophone.

Photographie présentant neuf joueurs des Nordiques et un joueur des Oilers en équipement de hockey sur la patinoire. Les Nordiques de Québec célèbrent un but marqué contre les Oilers d’Edmonton au Colisée de Québec. Les deux équipes font le saut dans la Ligue nationale de hockey (LNH) lors de la dissolution de l’AMH en 1979. Parmi les joueurs des Nordiques figurent Réal Cloutier, Marc Tardif et Dale Hoganson. Cloutier et Tardif sont parmi les meilleurs joueurs de la ligue.

1945-1980 Modernisation En pleine révolution tranquille

La période d’après-guerre est marquée par une prospérité croissante et de profonds changements sociaux dans tout le pays. Partout, les villes subissent de grandes transformations, avec la croissance des centres-villes en hauteur, la démocratisation de l’automobile et l’expansion des banlieues. La ville de Québec n’échappe pas à ces tendances.

Dans la province, cette période est connue sous le nom de Révolution tranquille. Elle est marquée par le déclin rapide de l’influence de l’Église catholique sur la société et la mise en place de vastes services publics universels. La ville de Québec, où une grande partie de la population est désormais composée de fonctionnaires, est d’autant plus touchée par ces changements sociaux et économiques. Parallèlement, des immigrants venus de partout dans le monde s’installent dans la ville, diversifiant ainsi sa population.

Photographie présentant un ensemble de bâtiments en soirée, alors que leurs lumières se reflètent à la surface de l’eau. Outre la qualité de son héritage architectural, Québec figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour son apport culturel et historique. Ses origines remontent aux 16e et 17e siècles, à l’époque de la Nouvelle-France. La ville a su au fil du temps se moderniser, tout en conservant son héritage linguistique et culturel exceptionnel. Québec est considérée comme le berceau historique de l’Amérique francophone.

Après 1980 Ouverture Connecté sur le monde

La fin du 20e siècle marque les débuts d’une nouvelle ère au pays, basée sur la mise en place de nouveaux moyens de communication et l’internationalisation des relations commerciales. Plus que jamais, les idées et les populations voyagent à l’échelle du globe et transforment le pays. Québec, dans ce contexte, se positionne comme une capitale numérique importante, favorisant la mise en place d’entreprises technologiques.

La ville tente aussi de mieux conserver et mettre en valeur son riche patrimoine historique, reconnue depuis 1985 par l’UNESCO. Plus récemment, face aux défis environnementaux mondiaux, Québec amorce un processus de reverdissement de son tissu urbain et d’actualisation de ses modes de transports. Elle accueille aussi un nombre croissant de nouveaux arrivants provenant de partout dans le monde, s’érigeant comme une ville de plus en plus cosmopolite.